Pour qui habite un quartier résidentiel où les plus hauts immeubles n’ont que six étages, la cité des Olympiades est une aberration à taille inhumaine. Sis à seulement quelques encablures de la Seine, cet ensemble érigé dans les années soixante-dix me fut dévoilé en juillet dernier par le jeu d’une synchronicité des plus communes : au même instant se tenaient les jeux Olympiques de Londres. J’y fus deux fois, un samedi, puis en semaine. Mon premier contact visuel fut celui d’un panneau de basket jaune derrière un grillage. A l'arrière-plan, bouchant l’horizon, une tour de trente-trois étages, d’un beige déprimant. Sept autres, révélées au fil de ma progression, se dressaient dans les parages. Trois heures ne furent pas de trop pour m’imprégner de ce haut lieu des tournages cinématographiques. Lesté de mon seul 17-55 pour ne point attirer les convoitises, je l’arpentai en tous sens, à chaque instant m’attendant à entendre le choc d’un corps chu d’un de ces édifices : la seule perspective d’y vivre me donnerait des idées noires. A défaut de cadavre disloqué sur la dalle, je dévisageai les vivants. A mon grand étonnement, les riverains n’avaient pas l’air plus désespérés que ceux des Champs Elysées ou du Quartier Latin. Il m’arriva même _ stupéfaction ! _ de surprendre un sourire sur plusieurs visages. Certes, il faisait un temps de saison _ soleil et débardeurs _ mais tout de même… Fidèle à mon ressenti, je m’employai à n’inclure aucune figure humaine dans mon viseur. De la verticalité à en crever, de la verdure millimétrée, comme saupoudrée sur ce béton navrant. Et des parterres de petites fleurs pimpantes, de celles que l’on offre aux dormeurs des cimetières…
(25 mai 2013)
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