A Paris, on a bien plus de chance d’apercevoir une voiture sur la remorque d’un camion qu’un yacht de dix mètres. A moins d’avoir ingéré certaines substances. Ou de passer au Port de l’Arsenal au bon moment. Ayant cessé de fumer depuis des lustres, et ne mangeant les champignons qu’en conserve, c’est à Bastille que j’ai surpris cet attelage pour le moins inhabituel. L’endroit, haut lieu des haltes touristiques, ne se limite pas à l’Opéra éponyme ou à la colonne de Juillet. Le bassin de l’Arsenal, devenu port de plaisance au milieu des années 80, offre un certain dépaysement au promeneur las du vacarme urbain. Deux volées de marches suffisent à côtoyer des dizaines d’embarcations flanc contre flanc, dans une immobilité quasi parfaite. J’y vins sans but, en début de semaine, simplement désireux d’émousser mon spleen entre deux ponts. C’est généralement en pareilles circonstances, hors toute velléité, que l’on est amené à faire les plus jolies rencontres. Ainsi de ce Chartreux venu spontanément, sitôt d’un bond passé de sa péniche au quai, se prêter à mes caresses. Je passai vingt minutes délectables en sa compagnie. Cinq de plus, et j’eusse manqué le spectacle de ce yacht hissé sur la remorque d’un camion rutilant. Immatriculés tous deux aux Pays-Bas, ils s’en iraient rejoindre le port de Meppel, cinq-cents kilomètres à l’est. Objectif de ce périple : redonner à L’Extraordinaire tout son lustre par une technologie de peinture haute-pression renouvelée tous les cinq ans.
(27 mai 2013)
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