Répondant à l’appel de l’Institut Civitas, près d’un millier de personnes se sont retrouvées hier samedi devant les grilles du jardin du Luxembourg, à seulement quelques encablures du Sénat où est examiné, jusqu’au 12 avril, le texte du projet de loi sur le mariage homosexuel. Pavoisé de drapeaux tricolores ornés, pour certains, du Sacré-Cœur de Jésus, ce cortège dont les membres, âgés de 7 à 77 ans, semblaient avoir choisi le béret comme signe de reconnaissance, s’ébranla peu avant seize heures. En guise d’amuse-gueule, cette assemblée pieuse et disciplinée eut droit à une allocution particulièrement virulente d’Alain Escada, président de l’Institut Civitas, à l’encontre de la « caste UMPS » et des forces de l’ordre coupables d’avoir, le 24 mars dernier, fait pleurer d’honnêtes catholiques sans distinction d’âge ou de sexe. Le terme « Stasi » fusa dans les haut-parleurs. Pour avoir moi-même hoqueté sur l’esplanade des Invalides au temps du projet de loi Devaquet, je comprends qu’il n’est pas très agréable d’ingérer du gaz CS, mais bon, l’on n’en meurt pas, et cela vaut toujours mieux qu’un coup de tonfa sur les lunettes, foi de binoclard.
Après cette mise en bouche, il y eut, mené par l’abbé de Cacqueray, un Chemin de Croix autour du jardin du Luxembourg. Tandis que les allées de ce dernier crissaient sous les pas de promeneurs sans béret et de joggeurs s’échauffant pour le marathon de dimanche, la rue de Médicis, le boulevard Saint-Michel puis la rue d’Assas, enfin, furent remontés à un train que l’on pourrait paradoxalement qualifier « de sénateur ». Ponctué de 14 stations correspondant aux 14 moments de la Passion de Notre Seigneur, le parcours, que quelques dizaines de minutes suffisent en temps normal à boucler, fut achevé en plus de deux heures. J’aurai, durant celles-ci, entendu plus de Notre-Père et de Je vous salue Marie que durant toute mon existence. Frôlant l’overdose, la tête farcie de chants religieux et de diatribes anti-sodomites, je ne fus pas mécontent lorsque le cortège se disloqua à l’angle de la rue Auguste Comte. L’habituel bruit de fond urbain refit surface. Jamais il ne m’était paru si plaisant. Printanier, pourrait-on dire. Quant à moi, douloureusement sevré de rythmes sautillants, je remis en circuit les beats païens de mon iPod, tendance électro. Ceux-là mêmes que je goûterai le 29 juin prochain lorsque je couvrirai, de Montparnasse à Bastille, la Marche annuelle des homos.
(7 avril 2013)
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